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La naissance du signe inconscient


La question de la motivation des mots n'est pas nouvelle. Quatre cents ans avant J-C, dans le discours de Cratyle, Platon expose les deux thèses opposées sur la nature des mots : pour Hermogène, partisan de l'arbitraire du signe, il n'y a entre signifiant et signifié qu'un lien abstrait et extrinsèque, établi par convention, tandis que pour Cratyle, partisan de la motivation, les mots sont une peinture des choses, ils ressemblent à ce qu'ils signifient, ce sont des symboles.

On parle souvent indifféremment de signes ou de symboles mathématiques. Un signe est une chose qui tient lieu d'une autre, il peut être purement conventionnel, tel le galon des militaires, tel le noir, symbole de deuil en occident ou le blanc en Chine.

Le signe est aussi un fait naturel que l'esprit humain convertit en signal, comme le départ des hirondelles  signifiant la fin de l'été ou la fumée signant l'existence du feu. Si le signe du présent est relié à une réalité absente ou invisible qu'il représente, on parle en général de symbole, tel le signe de croix, symbole à la fois de mort et de résurrection.

Pour les mots français il n'y a pas de fumée sans f, car cette lettre f initiale est un symbole dont l'un des sens est relié au concept de feu.

La naissance du Signe ou le "cr" de la mort

Le couple de lettres "cr" est un messager de mort, "noir recruteur des ombres", funèbre scripteur qui signe de son empreinte mortelle et cassante de nombreux mots français. Avant d'en établir une liste exhaustive, on peut s'interroger sur le mystère de la mort en lisant cette histoire vécue par un jeune médecin qui la narre dans un livre.


« La Morte est-elle encore vivante ? »

 

Si j’ai écrit ce livre, c’est grâce à la confidence de milliers de consultants, à l’expression semblable ou au contraire singulière d’êtres humains venus soulager leur détresse, leur souffrance, la violence de leur désespoir, leur difficulté à vivre et parfois simplement leurs bobos passagers. Ce livre prend ainsi sa source dans l’écoulement des flots de mots charriés par le torrent des maux des gens, que j’ai tenté d’entendre et d’aider au mieux de mes capacités Lorsqu’on a été médecin de famille pendant trente ans, on se sent riche d’un passé comme si l’on en avait mille. 

Le souvenir le plus marquant reste cet appel de novembre 1975, quelques mois après mon installation comme généraliste en milieu semi-rural. La sonnerie du téléphone au milieu de la nuit réveilla la maison endormie. Au bout du fil, je perçus une voix blanche, qui me suppliait : « Venez vite, docteur, à la ferme de T… la morte se réveille ! ».

Sautant en hâte dans ma voiture je me rendis dans le village indiqué en empruntant les petites routes sinueuses de la campagne, au sud-ouest bisontin,  dans un brouillard épais que mes timides phares transperçaient faiblement. C’était une vieille ferme rénovée. Une porte s’entrouvrit. On me fit pénétrer dans une cuisine champêtre où régnait la pénombre. Une dizaine d’ombres noires s’y tenaient en silence, dessinées par la lueur vacillante de quelques bougies posées en désordre sur la table.

L’homme du téléphone m’accosta, je le reconnus à sa voix : « Ma femme était hospitalisée depuis plusieurs semaines au CHU. Vers 22 heures, la bonne Sœur du Service m’a appelé pour m’avertir de sa mort », bredouilla-t-il d’une voix tremblante, les yeux mouillés d’émotion. « Elle m’a dit que l’interne avait signé le certificat de décès et me demandait où l’on devait conduire sa dépouille… à la morgue ou… chez moi ?». Il avait opté pour la seconde solution.


Tout en m’invitant à le suivre vers une porte du fond, d’où jaillissait une lumière blanche et crue, celle d’une chambre, il m’informa que quelques minutes avant son appel à mon domicile, la morte semblait se mettre à respirer ! Entré dans la pièce, j’aperçus sur un grand lit blanc, une femme sans âge, une sorte de momie de papier à la joue desséchée et creuse, qui gisait, immobile. Je mis quelque temps à m’en rendre compte… un léger mouvement, comme un frisson, soulevait d’un rythme lent son buste plat, enveloppé dans une chemise de nuit, blanche comme un linceul. Je m’empressai de saisir son poignet, mais ne perçus aucun pouls. Je sortis fébrilement mon stéthoscope de ma sacoche médicale, posai la membrane sur la chemise dans la région du cœur ; mes tympans percevaient de très sourds battements à peine audibles, boum… tac… boum… tac…, il battait, certes pas comme celui d’une jeune fille rencontrant son prince charmant… mais il battait très faiblement… et ses contractions régulières témoignaient à mon ouïe que je ne rêvais pas : elle était bien vivante ! Je lui pris sa tension artérielle : 5/3 !… pas florissante. Cependant, après quelques minutes d’expectative anxieuse, la vie sembla à nouveau envahir ce corps inerte ; une discrète coloration rose teinta ses pauvres joues, la tension remonta, 7/4 puis 8/5. Je confirmai au mari, planté derrière mon dos, qu’elle était bien en vie. Je crus bien qu’à cette annonce, il faillit s’évanouir. Le teint de la dame en blanc perdait maintenant sa lividité cadavérique et, soudain, elle ouvrit les yeux… un vrai miracle ! Des yeux perdus, hagards, qui cherchaient vainement à se souvenir, puis les choses familières de la chambre la ramenèrent sur terre, chez elle et elle commença, avec peine, à parler… Avant de tomber malade, elle exerçait le travail de foraine et toutes ces femmes en noir, qui m’avaient impressionné à mon arrivée dans la maison, faisaient partie des gens du voyage, venus la veiller pour son dernier à elle.

Je téléphonai au CHU. On m’apprit que cette femme d’une cinquantaine d’années avait un cancer métastatique de la gorge … au-delà de toute ressource thérapeutique, et que, depuis 15 jours on lui injectait de la morphine à doses croissantes pour calmer ses douleurs. Comme vers 22 heures, la malade était inerte et semblait ne plus respirer, la religieuse avait appelé le jeune interne de garde qui, après l’avoir auscultée et avoir  placé un miroir devant sa bouche, avait finalement signé l’avis de décès ! J’appris alors à la Sœur, infirmière chef du Service d’O.R.L. que la patiente n’était pas morte et qu’elle était simplement plongée dans un profond coma opiacé !

Je revis la malade le lendemain, maigre et gauche (ou sinistre ?) comme un squelette, elle sortait seule des toilettes, confirmant, malgré sa démarche titubante, qu’elle avait repris vie. Je ne comprenais pas : elle ne se plaignait d’aucune douleur. Pour se nourrir, elle ne pouvait avaler que du liquide. La voix de la religieuse infirmière, qui ce matin-là, appela mon cabinet médical, résonne encore à mes oreilles : «la morte est-elle encore vivante ?».

J’ai rendu ensuite de nombreuses visites à cette malade. Sa cachexie extrême - elle pesait 33 kg - comme on en rencontre parfois chez les cancéreux en phase terminale selon la terminologie officielle, engendre souvent, comme chez les plongeurs en haut-fond, une sorte d’euphorie qui fait perdre le sens du réel. Elle ne cessait pas de faire des projets de rénovation de sa maison pour la fin du printemps et n’avait toujours pas mal ! Pourquoi ?

Outre la gentillesse de son époux, qui ne la quittait jamais, deux souvenirs précis me reviennent. La fenêtre de sa chambre, située juste à côté du lit, ouvrait sur un petit jardin, et un vieux lilas venait en caresser les carreaux. Lorsque le printemps éclata avec ses bourgeons, elle ouvrit tout grand les battants de la croisée ; toute la chambre était embaumée de ce parfum subtil et prenant qui vous captivait dès que vous en franchissiez le seuil. Je ne sais pas s’il l’avait prémédité, mais le vieux lilas mauve, qui connaissait depuis longtemps cette maison et ses habitants, s’était surpassé ; il avait fait des merveilles. Chacune de ses branches était un véritable bouquet de fleurs et de senteurs, qu’il offrait ainsi à foison à cette dame blanche.

Combien de fois ne l’ai-je pas surprise, humant à grands traits, malgré ses dérisoires forces, cet air enivrant qui inondait sa chambre, et je voyais, dans son œil un peu terne qui se plissait soudain, comme une petite lueur de bonheur, presque un instant d’extase. La malade me raconta que ce lilas représentait tous les lilas de son enfance, qu’en respirant son parfum, elle plongeait directement dans son passé heureux de petite fille de la campagne, dans ce vert paradis plein de jeux, de rires et de chants innocents.

Le second souvenir, pas plus médical que le premier, est la présence de son chat, un gros matou tigré qui venait souvent auprès de la malade, frotter sa tête et ses moustaches grises contre sa maigre joue aux pommettes saillantes, qu’elle lui laissait caresser avec un vrai plaisir… ou bien il s’installait, impudique, et bien impunément, sur son ventre si creux… et ses ronrons de contentement étaient si forts qu’ils faisaient vibrer tout son pauvre corps. Parfois, avec une nonchalance presque gracieuse, elle étendait vers lui sa main décharnée, presque éthérée, et ses longs doigts de fée lançaient à son contact quelque étincelle magique, vite éteinte lorsqu’ils plongeaient au sein de sa fourrure touffue.

Je n’ai, bien sûr, jamais chassé ce tendre animal de sa place de choix ; lui, inquiet, m’observait examiner sa maîtresse de mes bizarres instruments. Ce ne fut pas le seul chat de ma longue carrière, et bien d’autres ont offert leur douceur féline aux femmes prisonnières, clouées au lit par la maladie. D’instinct le chat semble posséder le savoir d’accompagnement des malades. N’est-il pas le symbole domestique de nos chaumières, jetant à terre la violence longtemps répétée des rats et de leur peste contagieuse ?

Comme chaque mois, je reçus un appel téléphonique de la religieuse inquiète de savoir, si … la morte était toujours vivante ?

La progression de son mal, je n’ai jamais cherché à l’explorer par quelque technique sophistiquée, j’ai juste tenté de rendre ces derniers jours les plus doux possibles, en me posant toujours la même question : pourquoi survivait-elle ?

Elle ne se nourrissait que de lait qu’elle adoucissait de miel d’acacia ou parfois d’un peu de ses confitures, qu’elle préparait, avant, avec les fruits de son jardin. Je me suis souvent demandé si elle ne les mangeait pas, plutôt, en souvenir de leur parfum, celui qui avait dû embaumer sa cuisine lorsqu’elle tournait la cuillère de bois, devenue or, dans la marmite de cuivre chaude, dont l’écume fumante exhalait cet effluve divin de l’essence du fruit défendu ? Cette femme était une douce olfactive et ne respirait bien que dans le monde subtil et volatil des odeurs embaumées de son jardin d’Eden.


Hélas, fin mai, six mois après son retour à domicile, elle se remit à souffrir, et je dus à nouveau lui faire avaler des potions à base de morphine. Un matin, son mari m’appela, tout ému. Cette nuit de printemps, sa femme était morte, dans son lit, là, à côté de lui, sans qu’il s’en aperçût ; il l’avait trouvée… froide, quand l’éclat du soleil à travers les persiennes de la fenêtre close parvint à l’éveiller.

La veille, en rédigeant une dernière ordonnance, elle avait brusquement levé  les yeux vers moi. Et, sans le moindre mot, sans froisser les plis de mes pensées pour elle, le feu perçant de ses belles prunelles soudain fixes transperça mon âme afin qu’elle lui confirme que c’était pour bientôt, son grand départ. J’ai dû…  je crois, fermer les yeux pour acquiescer.

Je ne sus pas pourquoi, à l’époque, cette femme s’était tue… d’un cancer du larynx et sa survie à domicile dans sa demeure aimée est longtemps restée un mystère. L’inhibition de l’être humain pourrait-elle devenir assez puissante au point de le faire taire définitivement, par exemple d’un cancer du larynx ? Or, si j’avais bien compris comment était morte cette patiente, je n’avais alors absolument rien deviné du pourquoi de sa maladie et de sa survie peu ordinaire. A peine avais-je cru percevoir quelque aise dans la rime de sa chanson avant qu’elle ne se taise : n’était-ce pas le retour dans l’aise paisible de sa maison, qui lui avait apporté cet apaisement ? Mais la mort…aise, fermant la porte du sens, était bien fixée… et il me faudrait encore des années d’écoute pour discerner ce pourquoi.

Si je n’avais pas compris grand-chose, j’avais cependant perçu confusément la lourde incommunication verbale entre cette femme et son homme, leurs sensibilités très différentes… Lui avait-il fallu beaucoup se taire dans sa vie ? Avait-elle sacrifié sa voie/voix personnelle sur l’autel du mariage ? Quinze ans après, le mari, grand fumeur et buveur devant l’Eternel, est mort lui aussi d’un cancer du larynx ! Cette histoire vécue, narrée dans le détail concret de son déroulement avec ma sensibilité de jeune médecin d’alors, non encore habitué à ce que, par euphémisme, on appelle fin de vie, introduit la mort, sujet de ce chapitre. Je n’aurais jamais imaginé alors qu’une clef du déchiffrage du pourquoi des maux me crevait les yeux au dessus du lit mortuaire, là contre le mur : un crucifix : une croix dressée au dessus de la tête qui ne serait bientôt plus qu’un crâne osseux, dont le symbole résonne d’un cr sépulcral !



Le Symbole CR  de la Mort 

« Ô Mort, vieux Capitaine, il est temps ! / Levons l’ancre ! »        Baudelaire

 

Le son “CR, doublet de phonèmes, est le messager de mort, “noir recruteur des ombres, funèbre scripteur qui signe de son empreinte mortelle et cassante de nombreux mots français. En voici des exemples révélateurs :

Quand les hommes primitifs ont vu et entendu CRaquer les os des squelettes et les branches mortes, il est probable qu’ils ont inventé pour le communiquer des onomatopées du type CRac, imitation du CRaquement perçu. Cette onomatopée est à l'origine du verbe CRaquer, mot imitant un bruit sec (choc, rupture) ou évoquant une chose brusque, de même que CRic-CRac, onomatopée exprimant le bruit soudain d'une chose qui se déchire. Ainsi le son CR a été associé par conditionnement non conscient aux images de casse pour les objets et de mort pour les êtres vivants comme le démontre la litanie de CR qui marque nos mots français.

 

Le son CR de la mort

 

     Crever, n’est-ce pas mourir ? CReuser une tombe, sépulCRe, CRypte funéraire, néCRopole, voilà la rubrique néCRologique, du grec nekros, mort. La néCRopsie, examen des cadavres, et le néCRophage qui se nourrit des morts y sont inscrits.

Sur la tombe se dressent des V CRoix (CRux, CRucis en latin, CRoss en anglais, KReuz en allemand), devenues signes de mort pour les non-croyants.

Se signer, c’est faire le signe de Croix.


Le CR phonétique de la mort est associé

à la naissance du signe et du symbole.

Le crâne osseux, la tête de mort est bien un symbole de mort.


Lorsqu’on tue un homme, on signe son CRime ; avant de tuer une masse d’individus, le chef donne le signal du massaCRe et la police donne le signalement de la CRapule, apte à tuer. Le saCRifice est un crime religieux. La CRémation avec ses fours CRématoires consiste à brûler les morts.

La fleur symbolique des morts en France est le CHRysanthème ; celui qui signait la mort en CRoquant un orteil se nommait CRoque-mort ; le morceau de tissu noir que l'on portait en signe de deuil à la coiffure ou au revers de la veste est un CRêpe noir, insigne de mort.

 Le CRépuscule signe la mort du jour et parfois celui des Dieux avec un C majuscule. L’eau morte est CRoupie. La trompette de la mort, qui peut être celle qui annonce le Jugement dernier dans l’Apocalypse de St Jean, est aussi un champignon, qui se nomme CRaterelle.

         Le point ou le jour CRitique signale le risque de bascule dans la mort. Les moribonds se nomment CRoulants, vieux CRoûtons ou déCRépits. Mort de fatigue, on est reCRu ou Crevé ! CRoquer la pomme fut pour Adam sa condamnation à n’être plus que mortel.


  Le son cr est bien le Signe de la Mort.           

 

Le petit CR bien français

“La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense, Quelque diable aussi me poussant,

 Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.”                                Jean de La Fontaine


La fonction de ce signe CR se trouve dans des expressions populaires de la faim:

avoir un petit CReux, un CReux à l'estomac, avoir les CRocs, une CRampe d'estomac, un ventre qui CRie famine, CRever de faim ou CRever la dalle.

         Ainsi le langage populaire utilise au moins 5 sémantèmes différents porteurs de CR (CReux, CRampe, CRoc, CRever, CRie) pour signifier la valeur vitale et primitive de la faim. Manger est un impératif de survie et mourir de faim est fréquent : un meurt-de-faim (1690), un CRève-la-faim (1877). A l'estomac vide, au CReux physique, à la stimulation du centre de la faim du cerveau primitif humain, répond ce signal sonore CR qui CRie famine et qui fait CRier : je la Crève ! Et pour éliminer ce CR de la faim, l’expulser, le mettre dehors :“out”, on casse la CRoûte (6ème sémantème en CR) avec le casse-CRoûte.

Par extension le signe CR s'est généralisé à des mots signalant des dangers primitifs de mort :

Les CRocs symbolisent les prédateurs, le Crocodile, le CRotale au poison mortel.

La CRue de la rivière peut être synonyme de dévastation et de mort.

Le CRiquet migrateur provoque la famine et la mort (la lutte antiaCRidienne).

Le CRan  d’arrêt est un couteau à l’usage parfois mortel.

 

Le CR de la casse

"Tant va la CRuche à l'eau, qu'à la fin elle se casse".

Le CR de la mort (qui en langage populaire se dit aussi : casser sa pipe, casse-pipes) des êtres vivants résonne avec le CR de la casse des objets, du CRaquement, de la ligne brisée. La CRuche, qui tant va à l'eau, se casse, reste le symbole du mouvement à risque de casse, dont résonnent maints autres termes.

éCRaser : casser. S'éCRouler, CRouler, éCRabouiller : notion de casse.

CRustacés : CRevette, CRabe, éCRevisse: on les casse pour les manger.

SuCRE : se casse et l'on dit casser du suCRe sur quelqu'un.

CRaie et CRayon : instruments cassants.

CRaquer, c'est s'effondrer psychologiquement. La CRuauté fait CRaquer la victime..

Se CReuser la tête, se casser la tête. Faire "CRic", c'est casser les pieds.

CRiard, CRi : qui casse les oreilles.

La CRoûte qui CRaque (le CRatère fait CRaquer la CRoûte terrestre et la croûte de pain Croustiller : les Crudités cassent sous la dent.

CRéneau, CRan, Crête, CRénelé : ligne cassée. CRémaillère : pièce munie de CRans.

Etc..

CRapaud : dans l'ancienne Egypte, le CRapaud était associé aux morts ; on en a découvert momifiés dans des tombeaux. Au Moyen Âge, le CRapaud était avec le serpent, l'attribut naturel du squelette.

 

Les mots hors mort ou hors casse : ex-CR, a-CR


Il faut remarquer que ce CR de la mort ou de la casse, groupement phonémique issu de l'onomatopée CRac, se comporte comme un sémantème normal du langage conscient avec en particulier la possibilité d’en changer le sens par des préfixes : soit le "a" privatif grec, soit le "e" du latin ex, signifiant "hors de". Créer suppose souvent une casse ou une mort des idées reçues ou des principes établis.


ÉCRire est une réflexion  qui « casse la mort de l’esprit ».

 ÉCRêter, c’est enlever CR, enlever les  niveaux supérieurs de la ligne brisée.

éCRan (ex-CR), paravent, protection contre la mort et la casse ; l’éCRin préserve les bijoux.

ACRopole, cité sans mort ou cité éternelle. SaCRé, éternel Savoir.

AcCRoc, acCRochage, aniCRoche : petits accidents, chocs, non mortels.


Le CR médical 

Le son CR crève chaque jour les tympans du médecin généraliste, s’il écoute bien le langage des malades. Les Allemands le clament pour toute maladie, puisque malade se dit krank” .

Qu’est-ce qui craque dans ces CR perçus ?  Qu’est-ce qui crie ? Pourquoi ce « Je suis complètement crevé », exprimé à la place de mort de fatigue, reCRu comme écrivent les littéraires ? Et qui de se plaindre de Crampes, qui de se lamenter sur ses maux de CR...âne, qui de s’inquiéter de CRaquements d’articulation. Derrière ces craquements en général sans conséquence, le médecin doit entendre la résonance de la mort, en général celle des proches, qui pose encore question. Je me souviens de cet homme qui lors d’une phase dépressive a tué sa femme et s’est ensuite planté le couteau dans le cœur, sans réussir à se tuer, et qui, depuis, se plaint constamment de maux de crâne, avec une névralgie cervicale d’Arnold chronique et un cou qui craque…


 Ce CR ne va-t-il pas jusqu’à se cacher dans les miCRobes, si redoutés, parfois mortels. La médecine d’antan n’était-elle pas hantée par les chanCRes tuberculeux ou syphilitiques, inauguraux de ces maladies souvent mortelles ; les éCRouelles signaient l’adénite cervicale tuberculeuse, les CRachats de sang de la tuberculose pulmonaire ou du cancer bronchique et le CRoup diphtérique ont souvent annoncé la mort. La néCRose, telle la gangrène signe la mort d'un tissu organique et l'infarctus myocardique réalise une néCRose du muscle cardiaque. Un canCRoîde était un cancer cutané ou muqueux et le CRabe, symbole du cancer, (KRebs en allemand) reste le symbole d’une maladie redoutable, encore mortelle.

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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