Tomber malade

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  2. 7 mai 2011 – "Entendre les mots qui disent les maux", Christian DUFOUR, édition Dauphin, mais 2006

 

"Les mots savent de nous des choses que nous ignorons d'eux"

René CHAR

 

mots

 

"La seule écoute valable aux oreilles et au corps de celui qui demande de l'aide, celle qui permet à celui qui parle avec peu de mots, qui crie avec beaucoup de maux, d'entendre ce qu'il tente de dire et de cacher. (...) Nous le savons, les maladies sont des langages métaphoriques et symboliques avec lesquels nous tentons de dire et de voiler aussi l'insupportable, l'inentendable, l'indicible. (...) La parole caractérise si bien l'homme que sa suppression définitive est devenue synonyme de mort: il s'est tu, il ne parlera jamais plus! L'index, qui signifie ce "chut", barre la bouche, tel le signe de mort de la croix. Or, malade, l'homme "chute" et parfois "rechute" sur le chemin de sa vie, réduite trop souvent, à un long chemin de croix. (...) La somatique et le psychique, inséparables à travers toute l'évolution, traduisent l'effort d'adaptation de l'être vivant organique aux variations de son environnement dans l'objectif primordial de la survie de l'individu et de l'espèce. (...) 

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Les mots qui blessent, déchirent, torturent, angoissent, frappent, glacent d'effroi, consument, n'est-ce pas le médecin de famille qui les recueille, souvent ponctués de quelques rictus de douleur ou mimique d'inquiétude? Dans ces mots vibrants des maux résonnent des cris à peine retenus, et du flot sonore spontané du discours du malade émerge la langue encore insue de l'inconscient... pour celui qui la perçoit. (...)

Né primitivement du cri douloureux ou émotif, le mot, s'est ensuite dédoublé entre sa vibration sonore signifiante émotive et le concept sensé signifié qu'il désigne. (...) Socrate souligne avec Hermogène que les mots subissent, au fil du temps, une évolution physique conventionnelle qui les dénature, tandis qu'avec Cratyle, il cherche à reconnaître l'origine véritable des mots, d'abord en décomposant les noms en noms élémentaires non réductibles, puis eux mêmes en éléments pour lesquels il faut nécessairement faire l'hypothèse d'une certaine ressemblance avec les choses à imiter, ressemblance qui appartient à la langue originelle des dieux, par opposition aux langues des hommes. (...) Il faut attednre le XXème siècle pour qu'un certain Freud nous révèle l'existence de l'inconscient et ose affirmer que "c'est par la Langue que l'essentiel se révèle. Ramener la Langue vers son fondement, la Grundsprache, Langue des profondeurs. Carl Gustav Jung a révélé que l'universalité des mythes à travers le temps était fondée sur leur résonance avec ce qu'il appelle l'inconscient collectif de l'humanité. Or, s'il a existé une langue originelle à l'aube de l'humanité, c'est du côté de l'inconscient qu'il convient, semble-t-il, d'en rechercher à la fois la naissance et les vestiges actuels. (...)

La mise en évidence d'un code phonétique inconscient permet de démontrer jusqu'où la biologie pénètre le langage humain et le "biologise" et réciproquement de saisir jusqu'où le langage, le logos, pénètre la biologie humaine, jusqu'où il "verbifie" la chair; il tend un pont reliant maux à mots, apportant des réponses au pourquoi de nos maux. Cette approche linguistique originale convoquant langage et corps, logos et soma via biologie, peut être qualifié de Biologosomatique. (...)

Il est vrai que le mal et la violence nous habitent par mimétisme, simples reproductions comportementales de l'exemple de pulsions violentes originelles que l'on doit à notre cerveau primitif reptilien, chargé d'assurer la survie à tous prix. A ce programme inné biologique vient s'ajouter la programmation familiale et sociale, qui, elle, n'est en générale pas foncièrement mauvaise, mais toujours aléatoire pour chaque individu; il en résulte de multiples conflits entre les programmes innés et les programmes acquis variant selon les sociétés humaines, sans parler du programme enfoui, refoulé de notre réalisation personnelle.

 

"Entendre les mots qui disent les maux", Christian DUFOUR, éditions du Dauphin, mai 2006

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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